Bonsoir,
Vaste question, ma foi. Vaste question.
Il y a un proverbe juif qui stipule ou rappelle : autant de judaïsme(s) que de juifs.
Je te dirais qu'il s'agit d'un certain nombre de choses, et pas seulement, en rapport avec le regard d'autrui (si négatif) posé sur soi qui engendrerait une prise de conscience d'une certaine identité. Si je ne nie absolument pas l'importance du regard de l'autre, je ne crois pas qu'il suffise de la désignation par les autres de sa propre judéité.
Quelque chose doit se faire afin de vouloir être juif aussi.
Une sorte de cogito : je veux être juif, je le suis ; cogito particulier s'il en est.
Je ne suis pas claire, mais je reste persuadée que l'appartenance à un groupe philosophique / religieux ne peut se faire que dans une filiation non pas subie mais active.
Ce que dit Malka avec un humour d'une finesse superbe concernant la psychanalyse n'est autre que cela : se réapproprier, faire sien tout un héritage, pour mieux le transmettre aussi, selon ses propres sensibilités, etc... Lourde tâche.
A ce titre, c'est un débat très intéressant qui ne cesse de se poursuivre au sein des instances juives ou autres lieux de discussion : voir, à ce titre :
http://www.akadem.org/sommaire/themes/philosophie/1/6/module_1485.php
http://www.akadem.org/sommaire/themes/philosophie/1/4/module_1674.php
La seconde conférence est excellente.
D'ailleurs, il est question de l'être juif et non plus de l'identité juive.
Je te dirais que c'est peut-être cela : avoir une certaine modalité d'être, que je souhaite proche de l'activité talmudique, de débat, de lutte contre tout intégrisme et despotisme du non-discuté.
La réponse, à ce titre, qui rappelait que les juifs se perdaient dans le sionisme a sa légitimité : elle pose un débat, lui-même légitime.
On ne va pas croire que nous devrions nous ranger du côté de Ben Gourion et se taire.
A part cette aparté, je t'avoue ne pas être en mesure de définir ce que cela représente, mais je peux afirmer que cela représente bien quelque chose de spécifique : je suis une véritable mère juive avec mon fils, ne cesse de polémiquer sur des débats rhétoriques, dialectiques ou autres, ne me repose pas. Essaie de vivre pleinement.
A voir aussi, le film "Talmud" de Pierre-Henri Salfati. Il y parle de l'Histoire aussi, beaucoup mieux que je ne le ferais.
J'ai peut-être approché de qu'était être juive : se nicher dans un moment entre l'avant et le futur, en sachant que le futur dépend de nos porpres actions. Le tout avec un débat sur ce qu'est le temps lévinassien.
Bises.